Soulèvement du Congo: quels sont les enjeux?

By Francine Mukwaya, représentante britannique des Amis du Congo

Lundi 19 janvier, des citoyens congolais se sont levés pour contester la dernière manœuvre du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) pour prolonger le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Selon la constitution congolaise, le président ne peut servir que deux mandats de cinq ans et le second mandat de cinq ans de Joseph Kabila prend fin le 19 décembre 2016.

Tout au long de 2014, les partisans de Kabila ont émis l’idée de modifier la constitution de manière à pouvoir briguer un troisième mandat, mais une féroce poussée de l’intérieur (Église catholique, société civile et opposition politique) et à l'extérieur (États-Unis, Nations Unies, Union européenne, Belgique et France), la RDC a forcé les partisans de Kabila à abandonner l'idée et à explorer d'autres voies pour maintenir leur homme au pouvoir. Outre les pressions internes et externes, la chute du président Blaise Compaoré du Burkina Faso en octobre 2014 a envoyé un message fort selon lequel changer la constitution est une entreprise risquée. Blaise Compaoré a été chassé du pouvoir par un soulèvement populaire le 31 octobre 2014 lorsqu'il a tenté de changer la constitution du pays pour rester au pouvoir.

Le dernier plan mis au point par les membres du parti politique de Kabila (PPRD) et de la coalition présidentielle majoritaire est le suivant: faire passer par le parlement congolais une loi électorale qui permettrait à terme à Kabila de rester au pouvoir au-delà de 2016. L'article 8 de la loi prévoit l'achèvement d'un recensement national est une condition préalable à la tenue d’élections présidentielles. Les analystes estiment qu'il faudrait environ quatre ans pour terminer le recensement. Ces quatre années iraient au-delà 19 décembre 2016; la date à laquelle le second mandat de Kabila prend fin constitutionnellement. Les personnalités de l'opposition, les jeunes et la société civile congolaise dans son ensemble ont fortement repoussé cette caractéristique de la loi. Néanmoins, l'Assemblée nationale congolaise a adopté la loi le samedi 17 janvier et l'a renvoyée au Sénat pour adoption.

Des personnalités de l'opposition congolaise et des jeunes sont descendus dans les rues Lundi X janvier au jeudi janvier X dans le but d'occuper le Sénat de la capitale Kinshasa. Ils ont rencontré une résistance féroce et mortelle de la part des forces de sécurité de Kabila. Des marches de jeunes et de l'opposition ont eu lieu à Goma, Bukavu et Mbandaka. La répression du gouvernement a été brutale. Ils ont arrêté des personnalités de l'opposition, mis des gaz lacrymogènes dans les rues et tiré des balles réelles sur la foule. Après quatre jours de manifestations continues, a déclaré la Fédération internationale des droits de l'homme, 42 personnes au total ont été tuées. Human Rights Watch a rapporté des chiffres similaires affirmant 36 mort et 21 par les forces de sécurité.


Vendredi 23 janvier, le Sénat congolais a voté la suppression de la clause de la loi électorale qui permettrait au président Kabila d'utiliser le recensement comme une justification détournée pour rester au pouvoir au-delà de 2016. Le président du Sénat, Leon Kengo Wa Dondo, a déclaré que c'est parce que les gens sont descendus dans la rue, que le Sénat a voté la suppression de l'article toxique de la loi électorale. Il a noté "nous avons écouté les rues, c'est pourquoi le vote d'aujourd'hui a été historique.»Les amendements apportés par le Sénat à la loi exigeaient alors que la loi soit transmise à une chambre mixte afin que les versions de la loi du Sénat et de l'Assemblée nationale puissent être conciliées. La pression augmentait sur le régime de Kabila alors que le Eglise catholique a exprimé ses préoccupations sur les actes graves commis par le régime de Kabila alors que Les diplomates occidentaux sont passés à la vitesse supérieure dans le but de calmer les tensions.

Le samedi 24 janvier, le président de l'Assemblée nationale a annoncé à la presse que les amendements du Sénat seraient acceptés. Le dimanche 25 janvier, l'Assemblée nationale a voté la loi et accepté les modifications apportées par le Sénat. La population a revendiqué une victoire et le sentiment général a été exprimé dans la phrase lingala «Bazo Pola Bazo Ndima”En anglais signifie, ils [régime de Kabila] perdu et ont accepté leur défaite.

Le principal sujet de préoccupation est loin d’être résolu. Le peuple congolais ne doute pas que Kabila veut rester au pouvoir par tous les moyens nécessaires. Bien que le peuple ait revendiqué une victoire, la vigilance est primordiale à mesure que le processus se déroule, et le pays se dirige vers la fin du mandat constitutionnel de Joseph Kabila en tant que président 19 décembre 2016.

Un lourd tribut a été payé la semaine dernière avec les pertes en vies humaines. Toutefois, le voile de la peur a été percé et de futures manifestations sont susceptibles de protéger la constitution, d’assurer que Kabila quitte le pouvoir conformément à la loi du pays et d’organiser des élections présidentielles au 2016.

Le mouvement des jeunes mûrit grâce à son utilisation avisée des nouvelles technologies des médias. Il renforce également son réseau à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Les jeunes ont partagé le numéros de téléphone cellulaire des sénateurs et des membres de l’Assemblée nationale et des Congolais mobilisés à l’intérieur et à l’extérieur de la RDC pour appeler et envoyer des SMS aux membres du Parlement leur demandant de supprimer la loi électorale. L'utilisation de médias sociaux par les jeunes a incité le gouvernement à fermer le système Internet et les SMS la semaine dernière (Internet sans fil, les SMS et Facebook n'ont pas encore été restaurés). Via Twitter, la jeunesse congolaise a créé le hashtag #Telema, un mot lingala signifiant "se lever»Qui a servi de cri de ralliement aux jeunes Congolais à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Nous avons également créé un site Web du même nom (www.Telema.org), afin de soutenir les jeunes sur le terrain.

Les gens ont démontré que le pouvoir est entre leurs mains et non les politiciens. La bataille n’est pas pour ou contre une loi ou l’autre, mais bien pour un nouveau Congo, un Congo où les intérêts des peuples sont prioritaires et protégés par leurs dirigeants. Notre combat consiste à avoir notre mot à dire dans le processus de prise de décision dans notre pays et, en définitive, à contrôler et à déterminer les affaires de la République démocratique du Congo.

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